Paroles de chanson La Ruelle En Chantier - Louise Perrin

5 juin 1901:
Pour la toute première fois
La petite Louise Perrin
Touche, sent et voit
Les bruits autour d'elle la grise

Tant de couleurs à découvrir
D'odeurs à mener par la brise
Tant et tant de choses à vivre

Elle grandit tranquillement
Sans se soucier du monde en marche
Au creux des bras de sa maman
Il n'y a aucun chant patriarche

Pourtant, papa doit s'en aller
La France l'appelle au combat
Pour une patrie, pour résider
Il mourut près de Murat

À travers les rideaux jaunis
Passe un rayon de soleil
Qui vient se poser sur ton lit
Mais Louise Perrin n'a pas sommeil

Juillet 1921:
On enterre un soldat inconnu
Tes 20 ans entre les mains
Tu quittes déjà ta rue

Ta mère est devant la porte
Elle te dit que tout ira bien
Il faut que tu sois forte
C'est ta chance pour demain

Rue des bernardins
En plein cœur de Paris
Tu vois les années 20
Plein de flonflons et de folie

Entre cafés crèmes et whiskys
Tu rencontres un charmant allemand
Tes loufiats dans une brasserie
Et tu portes ton premier enfant

À travers les rideaux jaunis
Passe un rayon de soleil
Qui vient se poser sur ton lit
Mais Louise Perrin n'a pas sommeil

Juin 1932:
Il fit très chaud cette année-là
Une ombre se dresse et le feu
Se propage dans le Reichstag

Tu croises Marcel Martre
Cet homme qui sera ton mari
Nous sommes en 1934
Tu sens que la vie te sourit

Mai 1942:
Les juifs portent une étoile au cœur
Tes larmes te montent aux yeux
Devant les collaborateurs

Les alliés débarquent en Afrique
Apprends-tu sur la BBC?
Tu rêves secrètement d'Amérique
Et ta fille se marie

À travers les rideaux jaunis
Passe un rayon de soleil
Qui vient se poser sur ton lit
Mais Louise Perrin n'a pas sommeil

Mai 1958:
Tu retournes dans ton village
Un bouquet sur le marbre gris
Et une larme sur ton visage

Pendant qu'Alger se soulève
Kennedy et Khrouchtchev sont en froid
Ta fille s'installe à Genève
En chantonnant Ne me quitte pas

Août 1977:
2ème tour pour Thévenet
60 personnes aux obsèques
De Marcel, ton bien-aimé

Tu ne comptes plus les années
Et tu regardes le monde en marche
De toutes ces femmes émancipées
Tu t'imagines à leur âge

À travers les rideaux jaunis
Passe un rayon de soleil
Qui vient se poser sur ton lit
Mais Louise Perrin n'a pas sommeil

Juin 1981:
Derrière les vitres de l'hospice
Louise n'attend plus rien
À part ses arrières-petits-fils

Mitterand est élu président
Et l'on découvre le sida
Le chat fusille des dissidents
Il fait chaud en Angola

Juillet 2001:
Nous sommes dimanche, il fait si beau
Autour de toi, le médecin
Et ta famille, il fait si chaud

À travers les rideaux jaunis
Passe un rayon de soleil
Qui vient se poser sur ton lit
Mais Louise Perrin n'a pas sommeil

Pourtant, ses 2 yeux se ferment
Elle fait le bilan de sa vie
De l'hospice au café crème
Du bel amant à son mari

Elle ne regrette rien
Elle retient juste une chose
C'est que dans un monde chien
Mieux vaut se battre avec des roses

À travers les rideaux jaunis
On ne voit plus rien, il fait nuit
Il fait tout noir sur ta vie
Chut! Louise Perrin s'est endormie



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