Insultée , harcelée , pas du tout secondée ,
Malmenée et moquée par des cas soc' paumés ,
Elle aura tout tenté , douceur et fermeté ,
Pour aller enseigner le bonheur de créer .
Mais que vont devenir ses amours des beaux arts ?
Sa grande admiration pour Matisse et Renoir ,
Les souliers de Van Gogh , odalisques et nymphéas
Et la Belle Irlandaise , montres molles et Guernica .
Elle aura tout tenté , douceur et fermeté ,
La professeure blessée n'aime plus son métier .
Elle n'avait pas prévu qu'il y'aurait du chahut
Et du tohu-bohu dans les classes du bahut .
Passant pour ingénue , ils l'ont hachée menue ,
Personne n'a secouru la collègue abattue .
Elle a mis de côté ses cahiers de dessins
Et ses pinceaux de martre et sa trousse de fusains ,
Ses huiles Sennelier et ses toiles de lin ,
Tous ses beaux Caran d'Ache , relégués dans un coin .
Elle aura tout tenté , douceur et fermeté ,
La professeure blessée n'aime plus son métier .
Sa bouteille à la mer dérive quelque part ,
Ses SOS attendent , sur le quai d'une gare.
Ni l'bon Dieu , ni les saints , n'ont daigné un regard ,
Même ensemble , on est toujours seul , dans l'isoloir .
Juste , elle voulait greffer dans la tête des enfants
L'envie de savourer quelques soleils couchants ,
Une sorte de GPS , pour trouver en chantant ,
Tous les itinéraires qui mènent à la cour des grands .
Elle aura tout tenté , douceur et fermeté ,
La professeure blessée n'aime plus son métier .
Ma Princesse , entend les mots d'amour qui vont suivre ,
Dans tes mains , garde-les , bien à l'abri du givre .
Je t'aime , quand tu peins , tes acryliques m'enivrent ,
Tous les deux on est bien , on a envie de vivre .
C'est un peu de Cézanne que je vois dans tes yeux ,
Les couleurs de Manet dansent dans tes cheveux .
Les belles de Courbet , te jalousent , t'envient ,
Quand tu joues dans la mer , là , c'est Gauguin qui sourit
.
Elle aura tout tenté , douceur et fermeté ,
Ma professeure blessée , pleure dans son atelier .