Paroles de chanson Reinhard Mey - Gaspard

On disait qu'il venait d'Angers ,qu'il ne savait pas dire un
mot
Sur la place du marché il fut entouré de badauds
les uns chuchotaient "il n'est pas normal"
Et d'autres criaient "c'est un animal"
Alors qu'est ce que vous attendez
Pour chasser cet idiot , pour chasser cet idiot ?

Ses cheveux lui tombaient en mèches ,il se tenait
recroquevillé
C'est le diable qui l'empêche de marcher la tête levée
le curé lui tendit un pot de lait
Qu'il lapa bruyamment et d'un seul trait
Faudrait qu'on l'abreuve à la crèche
C'est Satan incarné, c'est Satan incarné !

Mon père qui en ce temps là était maître d'école au
village
Alla vers lui tendant son bras ,malgré les mots de
l'entourage
Mon père lui parla doucement
L'étranger murmura en bégayant
Un nom qui sonnait par endroits
Comme le nom de Gaspard ,comme le nom de Gaspard

Mon père le prit avec lui et Gaspard hésita un peu
Ma mère lava ses habits ,elle lui coupa les cheveux
Mon père alors lui apprit à parler
A lire , à écrire et à calculer
Et mon père disait de lui
"Quel garçon prodigieux, quel garçon prodigieux !

Près de l'école il y avait un champ de quelques cinq
hectares
Que la commune nous baillait j'y travaillais avec Gaspard
Comme nos récoltes furent bonnes
Après les rudes journées en automne
Les paysans nous maudissaient
Quand on rentrait le soir, quand on rentrait le soir.

Plus tard après Noël passé nos sorties devinrent plus
rares
Et puis vint ce jour de Janvier étouffé d'un épais
brouillard
Gaspard ne rentra pas pour le repas
Muet je guettais le bruit de son pas
Mon père gronda excédé
"Mais que fait donc Gaspard ,mais que fait donc Gaspard ?

On la trouvé au petit matin dans la neige rouge de sang
Couché dans le petit chemin qui va de la maison aux champs
Ses yeux ne reflétaient pas la peur
Mais seulement une infinie stupeur
Ou comme l'immense chagrin
D'être haï autant , d'être haï autant

Un commissaire de passage enquêta fort hâtivement
L'abbé fit le discours d'usage qui nous consola bougrement
Le champ depuis est resté en jachère
Les gens , leurs chiens ne me font plus la guerre
quand je vais jusqu'au village
Par le chemin des champs , par le chemin des champs ....



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